Articles 2006
- L'avenir des relations euro-méditerranéennes : les défis d'une "association renforcée"
Olivier PASTRÉ
Techniques Financières et Développement, Nº 85, Décembre 2006, pages 12 à 22
- Les restructurations bancaires européennes : bilan et perspectives
Olivier PASTRÉ
Conseil Scientifique de l'AMF, Février 2006
- The economics of banking: a necessary updating of concepts
Olivier PASTRÉ et Esther JEFFERS
Congrès Annuel de l’AFSE, Université de Paris I, 14 Septembre 2006
- Les enjeux économiques et sociaux de l’industrie bancaire
Olivier PASTRÉ
Année des Professions Financières 2006, pages 20 à 29
- Keynes et le patriotisme économique à géométrie variable
Olivier PASTRÉ
Economie Politique, Nº 31, Juillet 2006, pages 71 à 74
- Euronext ou les déboires de l’Europe
Olivier PASTRÉ
Alternatives Economiques, Juillet 2006, pages 90 à 92
- Les banques : des modes de gouvernance pas tout à fait comme les autres
Olivier PASTRÉ
MA Frison Roche (ed.) « Les banques entre droit et économie », LGDJ, pages 305 à 312
- L'entreprise dans le débat électoral
Olivier PASTRÉ
Le Cercle des Economistes : "Politique Economique de Droite - Politique Economique de Gauche", Perrin, 2006, La crise des banlieues
Olivier PASTRÉ
9 février 2006
- Les jeunes et l’entreprise : un divorce qui doit être évité
Olivier PASTRÉ
28 mars 2006
- Alter Eco Keynes
Olivier PASTRÉ
14 juin 2006
- Les hedge-funds ont-ils dépassé la hedge ?
Olivier PASTRÉ
5 novembre 2006
- Les profits bancaires : quelques vérités oubliées
Olivier PASTRÉ
23 novembre 2006
2006 - Les profits bancaires : quelques vérités oubliées
Les profits bancaires : quelques vérités oubliées
Olivier Pastré
Professeur à l’Université
de Paris VIII
« Où allez-vous en vacances ? ». « Au mois de Juillet ». « Quand partez-vous ? ». « En Bretagne ». Ce célèbre dialogue à la Tati symbolise assez bien la nature des relations entre les banques et la société française. Plein de mauvaises réponses à de bonnes questions. Pour essayer de restaurer un dialogue difficile – au plan institutionnel, car si les Français n’aiment pas « les » banques, ils aiment bien « leur » banque comme en témoignent toutes les enquêtes – il convient de revenir aux fondamentaux.
Il faut commencer par rappeler, comme l’a fait un rapport récemment remis à Thierry Breton[1] que l’industrie bancaire est le premier employeur privé de France, qu’elle crée depuis quelques années (et pour une dizaine d’années encore) environ 40 000 emplois par an, plutôt pour des jeunes, plutôt pour des Bac +4 (30 % des embauches) et plutôt pour des femmes. Preuve, s’il en était besoin, que la création de valeur est en France, sous certaines conditions, créatrice d’emploi. Par ailleurs, il faut rappeler que la banque finance l’économie. Nous ne sommes pas aux Etats-Unis, pays dans lequel ce financement est majoritairement assuré par les marchés financiers. En France, la banque reste le principal « poumon » financier de la croissance. Et, comme chacun sait, mieux vaut avoir des poumons sains.
Voilà donc pour les fondamentaux. Reste maintenant à porter un jugement objectif sur cette industrie un peu particulière. Commençons par dire que cette industrie est soumise à un double « tsunami » dans le cadre de la mondialisation. Un « tsunami » réglementaire d’abord. IAS 32, IAS 39, Bâle II, SEPA : sous ces sigles technocratiques se dissimulent de nouvelles normes comptables, prudentielles et techniques qui vont complètement bouleverser, à horizon très proche, les conditions d’exercice du métier des banques. Pour faire face à ces défis, les banques doivent aujourd’hui investir massivement et il faut donc leur en donner les moyens. Mais le « tsunami » potentiellement le plus dévastateur est d’ordre concurrentiel. Se constitue, en effet, à l’échelle mondiale, un petit oligopole de « global players » qui sont parfaitement capables, avec quelques mois de bénéfices, en faisant jouer un effet de levier minimal, de racheter la Société Générale et BNP Paribas, sans parler des autres banques privées européennes. Elles sont quatre aujourd’hui (Citigroup, Bankamerica, J.P Morgan et HSBC) qui ont une capitalisation boursière voisine ou supérieure à 150 milliards de $, alors que notre plus forte capitalisation (BNP Paribas) représente a peine la moitié de celle-ci. Et là n’est pas encore le plus grave, car ce qu’il faut bien voir c’est que ces banques sont beaucoup plus profitables que les banques françaises. Les « super profits » des banques françaises qu’il faudrait, selon certains « ponctionner » sont, dans la réalité, très inférieurs aux bénéfices des banques espagnoles, anglaises et, bien sûr, américaines. Et donc, dans la bagarre mondiale qui a éclaté, les banques françaises sont plus fragiles que leurs principaux concurrents.
Il n’en reste pas moins vrai que les banques françaises, après les affres de la décennie 80 (rappelons-nous du Crédit Lyonnais), ont restauré leur rentabilité, au prix d’une modernisation accélérée. Cette modernisation s’est-elle opérée au détriment du consommateur ? Non. Là aussi, il faut dénoncer certaines contrevérités véhiculées par certains médias. Quelque soit l’indicateur utilisé, les tarifs des banques françaises sont dans la moyenne européenne. Les banques françaises ne sont pas plus chères que leurs concurrents. Et, par ailleurs, elles ont, depuis deux ans au moins, fait des efforts, souvent sous la pression des Pouvoirs Publics, pour améliorer leur accessibilité (« package » à destination des interdits de chéquiers, simplification de la procédure du droit au compte,…).
Cela ne veut pas dire pour autant qu’il n’y a pas encore de progrès à faire pour réconcilier les Français avec « les » banques. Mais pour cela il faut cesser d’égrener les contrevérités. Il faut que les banques françaises soient profitables. D’abord pour lutter à armes égales avec leurs principaux concurrents étrangers. Ensuite, bien sûr, pour avoir les moyens d’être plus citoyennes. Il y a, en effet, encore trop d’exclus bancaire en France. Exclus de moyens de paiement mais, aussi et surtout, exclus de crédits (ou surendettés, ce qui, in fine, revient au même). Il faut que les banques françaises apportent, mieux qu’elles ne le font aujourd’hui, des solutions bancaires à ceux qui rencontrent ce que l’on appelle pudiquement des « accidents de la vie » (chômage, maladie, divorce). Il faut qu’elles financent plus et mieux la création d’entreprise et l’innovation (surtout si celle-ci est « immatérielle »). La route est donc encore longue. Et les progrès à accomplir sont immenses. Mais pour que les banques françaises soient à l’avenir plus citoyennes encore faut-il qu’elles soient profitables.
Changeons donc de registre critique en matière bancaire : soyons un peu moins démagogue et un peu plus pédagogue.
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